Aujourd'hui, j'ai eu une discussion intéressante avec Nick Swift, fondateur de Hydrogen Afloat, une entreprise créée il y a deux ans qui propose des solutions d'alimentation en hydrogène pour les bateaux.
Lhyfe Heroes: Comment avez-vous eu l'idée d'utiliser l'hydrogène pour les bateaux ?
Je vis sur un bateau depuis plus de 15 ans. Quand on vit sur un bateau toute l'année, on a besoin de produire de l'électricité pour vivre, de l'électricité pour alimenter les lumières, le réfrigérateur, la télévision et la radio. J'ai essayé d'imaginer une solution écologique pour remplacer le fonctionnement de mon moteur diesel à l'arrêt, qui est à la fois bruyant et polluant. En cherchant des alternatives, je suis tombé sur de petites piles à hydrogène et j'ai développé un système pour intégrer une telle pile à combustible sur le toit de mon bateau. Je devais m'assurer que ce système était sûr et bien intégré à la conception de mon bateau.
Cela a si bien fonctionné que j'ai pensé que d'autres personnes devraient bénéficier de la technologie et de l'idée. C'est alors que j'ai décidé de créer Hydrogen Afloat.
L.H. : Quel est donc le produit de Hydrogen Afloat ?
Nous fabriquons un produit appelé "HyArk". Il s'agit d'une solution de pile à hydrogène pour produire de l'énergie domestique sur les bateaux. Nous produisons de l'énergie domestique parce que nous pouvons le faire MAINTENANT, en utilisant des bouteilles d'hydrogène portables. Il n'y a pas d'infrastructure pour l'hydrogène sur les canaux et les rivières, pas de stations-service, nous devons donc utiliser des bouteilles portables. En créant une demande, l'infrastructure se développera et nous pourrons alors utiliser les stations-service.
Il y a beaucoup de gens qui parlent de l'hydrogène (beaucoup de conférences, d'événements, d'articles, ...) mais quand on regarde les gens qui font des choses, il n'y en a pas tant que ça. C'est la raison d'être d'Hydrogen afloat : nous avons un produit qui est disponible dès maintenant et que les gens peuvent utiliser dans leur vie quotidienne.
L.H. : Comment voyez-vous l'évolution de cette initiative ?
Avec le temps, nous arriverons au point où il y aura un réseau d'approvisionnement en hydrogène, puis nous envisagerons l'hydrogène comme moyen de propulsion, au lieu d'utiliser le diesel pour faire avancer le bateau. Il faut commencer par les petites choses ! Bien sûr, nous avons besoin de projets industriels à grande échelle dans le domaine de l'hydrogène, mais je pense que la petite échelle est également importante : nous ne pouvons pas passer de "zéro à héros" du jour au lendemain. Nous introduisons l'hydrogène dans la communauté. Beaucoup de gens voient l'équipement du bateau sur le canal Kennet et Avon, entre Londres et Bristol. Pour beaucoup, c'est la première fois qu'ils voient une pile à hydrogène. On nous pose beaucoup de questions, ce qui nous donne l'occasion d'expliquer ce que c'est et pourquoi nous l'utilisons. Nous sensibilisons le grand public à l'hydrogène et aux solutions net zéro.
L.H.: Pour l'instant, à qui s'adresse cette offre ?
Au Royaume-Uni, il y a 7 500 km de canaux et de rivières et environ 35 000 personnes vivent sur des bateaux. Ces personnes utilisent déjà le gaz propane sur leur bateau pour cuisiner et se chauffer et nombre d'entre elles sont réellement préoccupées par la qualité de l'air et de l'environnement. Ils souhaitent adopter de nouvelles technologies afin de trouver des solutions appropriées pour répondre à cette préoccupation.
L.H. : Quel est l'impact concret d'une pile à combustible sur un bateau ?
L'hydrogène que nous utilisons est de l'hydrogène gris, fabriqué à partir de combustibles fossiles. C'est le seul hydrogène disponible au Royaume-Uni à l'heure actuelle. Les avantages concernent donc la qualité de l'air local et le fait que l'équipement fonctionne automatiquement, en se mettant en marche lorsque les batteries du bateau ont besoin d'être rechargées. Les avantages en termes de carbone apparaissent lorsque nous passons à l'hydrogène vert produit localement, c'est-à-dire à l'hydrogène fabriqué à partir de ressources renouvelables. Il s'agit alors d'une véritable solution d'énergie sans carbone. Nous estimons que nous économisons environ 20 litres de diesel par an, ce qui représente environ 50 kg de C02, sans compter l'usure du moteur et le bruit qu'il génère. Notre système de pile à combustible est pratiquement silencieux lorsqu'il fonctionne.
L.H. : Quels types de défis avez-vous relevés ?
Le prix de la molécule est encore élevé par rapport aux autres solutions, mais je suis convaincu que l'hydrogène sera bientôt moins cher.
En ce qui concerne l'installation, l'intégration de la pile à combustible HyArk dans le bateau, tout en respectant son design, a été difficile : nous voulions conserver le style traditionnel d'un bateau étroit britannique, mais aussi montrer qu'il s'agit d'une nouvelle technologie innovante. Trouver l'espace nécessaire sur le bateau est également un défi. Au Royaume-Uni, certains ponts de canaux sont très bas. Notre solution devait donc être amovible et légère pour pouvoir passer sous un tel pont.
Enfin, il n'existe aucune réglementation pour cette "application domestique" sur un "système de transport". Nous avons donc dû mettre au point les dispositions de sécurité en partant des principes de base et nous ne sommes généralement pas éligibles à des subventions.
Mais chaque défi est une opportunité, n'est-ce pas ?
L.H. : En conclusion, quelle est votre vision de l'hydrogène sur le marché britannique ?
Je pense que nous avons perdu une partie de l'avance que le Royaume-Uni avait dans la transition énergétique. Toutefois, nous disposons encore d'un grand nombre de technologies innovantes développées au Royaume-Uni. Une annonce récente de plus de 200 millions de livres sterling pour lancer une flotte de poids lourds à zéro émission accélérera les plans de décarbonation du fret routier. Cela contribuera à la croissance du marché de l'hydrogène au Royaume-Uni, ce qui devrait nous aider à assurer l'approvisionnement en hydrogène.
Il est à espérer qu'à Hydrogen Afloat, nous contribuerons dans une certaine mesure à la transition énergétique, en relevant certains des défis du changement climatique.